Ruedo Ibérico oeuvra depuis un modeste local situé dans le Marais et, en 1970, ouvrit dans le quartier latin une librairie qui devint rapidement le temple des étudiants, des touristes et des réfugiés espagnols avides de lecture. Ses livres étaient également vendus dans différents points de la France, notamment à Perpignan et à Bayonne, où de nombreux espagnols pouvaient les acquérir et les faire rentrer en Espagne en risquant l'arrestation et la confiscation. Les publications furent également vendues en Espagne à des prix très élevés, dans les arrière-boutiques de quelques librairies, qui se fournissaient auprès de distributeurs audacieux, parmi lesquels on peut signaler Sigfried Blume y Rufino Torres. Ceux-ci recevaient des petits colis à couverture et étiquettes variées et sans nom d'expéditeur, envoyés à des dates spécifiques et à des adresses que José Martínez gardait jalousement. Les livres qui franchissaient par différents moyens les barrières policières pour être diffusés en Espagne n'étaient jamais très nombreux et ne furent jamais édités en grand nombre. En revanche, ils passaient de main en main, avec un taux de lecture très élevé et suscitaient d'abondantes prises de parole, au point d'influencer l'opinion publique.
La convocation des Prix Ruedo Ibérico, fut l’un des projets de Ruedo Ibérico et, étant donné que les hommages à Antonio Machado étaient des actes de filiation antifranquiste, ce fut le cadre utilisé le 22 février 1962 pour lire l'acte d'attribution des Prix et faire connaître publiquement la maison d'édition Ruedo Ibérico. Grado elemental, de Ángel González gagna le prix de poésie et Año tras año, de Armando López Salinas celui du roman. Les Prix ne seront convoqués de nouveau qu'en 1972. Mais lors de cette seconde convocation, ne furent admis que des livres de l'histoire politique espagnole sous le franquisme, au lieu de textes littéraires. Malheureusement, le fait de ne recueillir qu'un manuscrit, de plus incomplet, provoqua la disparition du prix.
Ruedo Ibérico ouvrit également un stand lors de la Foire du Livre de Francfort en 1971 pour la première fois. La maison d'édition Ruedo Ibérico était située au milieu des maisons d'édition espagnoles, et obtint non seulement une forte visibilité de son fond de publications mais aussi un effet de propagande antifranquiste à portée internationale.
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