RÉSIDENTS EN EXIL

Même si quelques-uns des anciens résidents n’ont pas eu de chance, comme Federico García Lorca qui a connu un destin tragique, d’autres se sont exilés et ont pu continuer une vie intellectuelle fructueuse dans des pays comme le Venezuela, l’Argentine, la Colombie, le Chili, le Puerto Rico et, surtout, le Mexique. Ce pays a accueilli le groupe le plus nombreux de résidents parmi lesquels se trouvaient le réalisateur Luis Buñuel et les poètes Emilio Prados et Luis Cernuda. Ils ont entretenu une étroite relation avec la Residencia, ce qui a favorisé l’existence de communautés d’intellectuels, comme par exemple, celle formée par José Moreno Villa, le médecin Isaac Costero ou le musicien Jesús Bal y Gay, qui ont été invités par le gouvernement du Mexique à participer à la création de la Casa de España (el Colegio de México dans l’actualité).

Alberto Jiménez, en exil en Angleterre, a été en contact avec beaucoup de résidents dispersés partout dans le monde et avec ceux qui sont restés en Espagne. Grâce à son travail, quelques initiatives ont été prises depuis 1960 pour ce que Jiménez Fraud a appelé «la reconquista» (la reconquête) de la Residencia. Elles ont commencé avec des activités organisées à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’institution. La première activité a été la publication à Oxford de Cincuentenario de la Residencia de Estudiantes 1910-1960. Palabras del presidente de la Residencia Alberto Jiménez Fraud. («Le cinquantième anniversaire de la Residencia de Estudiantes 1910-1960. Des mots du président de la Residencia Alberto Jiménez Fraud»). Dès cette année, une équipe d’anciens résidents, composée par Joaquín Díez-Canedo, Arturo Sáenz de la Calzada, Anselmo Carretero, Francisco Giner de los Ríos et Jesús Bal y Gay, ont coordonné l’édition d’un numéro commémoratif de la revue Residencia qui a vu le jour au Mexique en 1963. On y a publié des souvenirs des personnes très liées au projet de la Residencia: Jiménez Fraud, Ramón Menéndez-Pidal, Américo Castro, Emilio Prados, Severo Ochoa, Gabriel Celaya, Ramón Carande et Juan Ramón Jiménez. Sa distribution en Espagne a été interdite. En 1963, Alberto Jiménez Fraud rentre en Espagne.

Avec l’aide de quelques amis comme José Solís et Julio Caro Baroja, il essaie de commencer une nouvelle étape de la revue Residencia. Un seul numéro de Cuadernos Residencia est publié en 1964, peu après le décès d’Alberto Jiménez Fraud en avril à Genève. Jiménez Fraud a été enterré au cimetière civil de Madrid, près de Francisco Giner de los Ríos et Manuel B. Cossío.